"L'Autorité Non-Violente" de Haim Omer

La violence chez les jeunes

La violence chez les jeunes n'est pas un phénomène nouveau. Psychologues et psychiatres observent dans tous les pays une augmentation d'actes de violence de la part d'enfants et d'adolescents. Cette agressivité peut se manifester dans le cadre familial mais aussi scolaire. Les enfants prennent le dessus sur les adultes, qui se retrouvent désarmés devant des comportements violents voire autodestructeurs. En effet, parents et enseignants ne sont pas préparés à cette tâche. Ils sont déstabilisés, perdent leur autorité et en réaction à cette violence, répondent soit par la démission soit par " la manière forte ". Dans les deux cas, cela ne fait qu'envenime la relation et intensifier la dynamique.

La solution de Haim Omer : La résistance non violente

Haim Omer, professeur de psychologie en Israël, a mis en place et développé une méthode permettant de mettre fin à l'escalade de la violence. Son idée, inspirée des méthodes de résistance non violente de Mahatma Gandhi, est basée sur la présence parentale. L'objectif est de permettre aux parents de retrouver leur place au sein de la famille. Il s´agit d'adopter une attitude constructive et non violente ou agressive. Forger le fer quand il est froid signifie qu'il faut apprendre à contrôler ses émotions, et laisser passer du temps afin que chacun, adultes et enfants, puisse y réfléchir.

Cette approche non violente qu'il a élaboré, aidera les parents à intervenir et à empêcher les comportements dangereux et violents des enfants et des adolescents. Elle est basée sur un double aspect : d'une part la présence parentale, d'autre part la résistance non-violente. La Présence Parentale est le processus vécu par les enfants quand les parents se comportent de la manière suivante :

Nous sommes tes parents! Tu ne peux pas nous empêcher de l'être, nous sommes indissociables l'un de l'autre, tu ne peux pas nous exclure ou nous paralyser, tu n'as pas le droit de nous tyranniser ou de nous brimer, nous avons ce rôle et nous allons le conserver.

Lorsque les parents transmettent ce message, ils peuvent être proche de leurs enfants affectivement et émotionnellement, et empêcher les débordements excessifs. La Présence Parentale s'exprime par l'amour et la douceur, mais aussi à travers des limites, des exigences, l'exercice d'un contrôle et une protection contre le danger. Les principes de résistance non-violente peuvent être appliqués au sein des familles et des écoles, et cela en minimisant les risques et l'escalade. Haim Omer et son équipe ont d'ailleurs entraîné aussi bien des soldats que des colons, dans des actions non-violentes pour prévenir la violence lors de l'évacuation de la bande de Gaza.

Ce principe de résistance non-violente s'applique aussi bien au sein d'une famille qu'à l'école. La méthode peut s'adapter aux situations particulières et être modifié par les parents et les enseignants. Elle consiste dans un premier temps à rompre l'isolement des parents, qui souvent se sentent seuls face aux problèmes de leur enfant. Ceci est rendu possible par l'implication d'un certain nombre de personnes (voisins, amis, familles, professeurs…) qui les soutiennent durant cette période. Ensuite, il est important d'inscrire la présence des parents (ou enseignants) de façon permanente pour dire : Je suis devant toi et je ne t'abandonne pas.

Le manuel créé par Haim Omer est un programme composé de 5 points principaux. On y retrouve par exemple le sit-in, qui rappelle l'idée de Mahatma Gandhi, c´est à dire résister par une présence physique. Il s'agit d'une forme de grève par occupation : les parents s'assoient dans la pièce où se trouve l'enfant. Par cette présence, ils montrent leur détermination d'adultes à ne plus accepter son comportement. Il s'agit alors de garder son sang froid, de ne faire aucune remarque désobligeante, afin que l'enfant ne se sente pas agressé, et qu'il ne réagisse à nouveau avec violence.

Cette méthode a fait ses preuves. Un étude sur cette pratique de la résistance non violente, réalisée au sein d´une école en Israel en 2002-2003, montre que non seulement il y a eu une baisse du nombre de cas de violence (diminution de 22%), mais aussi une amélioration de la sécurité des enfants (le port d´armes pour sa propre protection a diminué de 75%, l'absentéisme généré par la peur a diminué de 55%). Enfin, une diminution de 34% concernait l´épuisement des professeurs.

Ses idées fondamentales sont comparables à celles de Marschall Rosenberg, qui obtient d'importants succès grâce à sa communication non-violente dans différents domaines comme dans celui de l'éducation, au sein des prisons et en politique etc. (voir aussi Rosenberg, 2003).

Ces deux applications sont certainement très complémentaires : si la communication non violente est impossible à réaliser, et si les parents ont perdu le lien avec leurs enfants, il est judicieux alors de passer à la résistance non violente.